Questions The Origins & New Era

1. Dans The Origins, qui était ton premier coup de cœur ? (On ne juge pas… enfin, presque ).

2. Dans New Era, que penses-tu de l’évolution de Nevra ?

3. Quelle scène ou réplique de Nevra t’a marqué(e) ?

4. D’après toi, sa plus grande qualité et son plus grand défaut sont… ?

5. Si tu devais inventer un spin-off centré sur Nevra, quel en serait le titre ?

[b]1. Dans The Origins, qui était ton premier coup de cœur ?[/b]

[b]2. Dans New Era, que penses-tu de l’évolution de Nevra ?[/b]

[b]3. Quelle scène ou réplique de Nevra t’a marqué(e) ?[/b]

[b]4. D’après toi, sa plus grande qualité et son plus grand défaut sont… ?[/b]

[b]5. Si tu devais inventer un spin-off centré sur Nevra, quel en serait le titre ?[/b]

Questions des Nevraddicts

1. Sur une échelle de 1 à “je dors dans un cercueil pour être plus proche de toi”, à quel point es-tu fan ?

2. Que préfères-tu le plus chez Nevra ?
a) Son sourire charmeur
b) Ses répliques taquines
c) Son côté protecteur
d) Tout. Absolument tout.

3. Selon toi, quel surnom affectueux Nevra donnerait-il à ses fans ?

4. Tu as une soirée privée (totalement fictive) avec lui : quelle tenue choisis-tu ?

5. Complète la phrase : “Nevra sans ses Nevraddicts, c’est comme _______ sans _______.”

[b]1. Sur une échelle de 1 à “je dors dans un cercueil pour être plus proche de toi”, à quel point es-tu fan ?[/b]

[b]2. Que préfères-tu le plus chez Nevra ?
a) Son sourire charmeur
b) Ses répliques taquines
c) Son côté protecteur
d) Tout. Absolument tout.[/b]

[b]3. Selon toi, quel surnom affectueux Nevra donnerait-il à ses fans ?[/b]

[b]4. Tu as une soirée privée (totalement fictive[img]https://zupimages.net/up/25/38/5svk.png[/img]) avec lui : quelle tenue choisis-tu ?[/b]

[b]5. Complète la phrase : “Nevra sans ses Nevraddicts, c’est comme _______ sans _______.”[/b]

Fanart

Images

OS

Rosalya260

La Crypte des Secrets - Halloween 2025

Le Q.G. semblait désert et silencieux alors que Rosalya poussait la lourde porte, lanternes à la main. Les chandelles vacillaient sur les murs de pierre, projetant des ombres dansantes. Un léger frisson parcourut les filles, intriguées par l’obscurité et le silence.

- Restez groupées, murmura Rosalya. On ne sait jamais ce qui peut surgir…

Les pierres froides sous leurs pieds résonnaient à chaque pas. Miirah sursauta en se cognant contre un mur.

- Doucement… chuchote Rosalya, pas besoin de paniquer.

Bientôt, une dalle gravée attira leur attention. Rosalya lut à voix haute :
« Je ne bouge pas mais je suis partout.
Je protège ceux qui marchent dans l’ombre, et avertis ceux qui osent me déranger.
On me sent avant de me voir, et quand tu crois m’avoir perdu, je reviens.
Qui suis-je ? »

- La lumière ? tenta Miirah.
- Non… l’ombre, répondit Rosalya en esquissant un sourire encourageant à la jeune femme.

Un léger courant d’air fit bouger les rideaux et claquer les portes. Le suspense montait, mais Rosalya gardait son calme, rassurant les filles.

Elles atteignirent bientôt la crypte oubliée, une lourde porte de pierre grinçant à leur passage. L’air était humide, froid, et le bruit de l’eau s’infiltrant dans les fissures résonnait étrangement. Gravé sur une stèle :
« Je suis là quand tu crains le pire,
Invisible pour certains, évident pour d’autres.
Je protège ceux qui savent m’écouter et punis ceux qui m’ignorent.
On me sent avant de me voir, et je ne trahis jamais ma loyauté.
Qui suis-je ? »

- La peur ? murmurèrent Kallindra et Shimy.
- La discrétion ? tenta Miirah.
- La vigilance, déclara Rosalya en s'avançant devant le groupe.

Un léger frisson parcourut le couloir lorsque le mot fut prononcé. Une pierre glissa, révélant un passage secret. Les filles échangèrent des regards à la fois nerveux et excités.

La salle suivante était éclairée par la lune filtrant à travers une grande fenêtre brisée. Sur le rebord, un corbeau aux yeux brillants les observait. Gravé sur une dalle :
« Mon nom cache celui d’un veilleur de l’ombre,
Je m’élance dans la nuit sans jamais toucher le sol,
Mon cri prévient sans jamais parler,
Ceux qui m’observent comprennent mes secrets.
Qui suis-je ? »

- Le silence ? murmura Miirah.
- Le corbeau, répondit Rosalya, confiante.

Le volatile battit des ailes et s’éloigna, révélant un passage menant à la salle finale. Les filles frissonnèrent d’excitation.
Rosalya ouvrit la porte d’une pièce sombre, lanternes à la main. Un léger frisson parcourut les filles, intriguées par l’obscurité et le silence.
Soudain, un bruit derrière la porte voisine attira leur attention.

Nevra surgit, drap blanc flottant autour de lui, chaînes et petites araignées décoratives attachées maladroitement. Il voulait les effrayer façon fantôme, mais le drap se prit dans ses bottes.
Ses bras et ses jambes battirent dans tous les sens, et il perdit complètement l’équilibre, s’étalant au sol avec fracas. Les filles éclatèrent de rire immédiatement.

Rosalya se pencha en riant, les yeux pétillants :
- Oh là là… regarde-toi ! On dirait un fantôme qui a oublié comment voler !

Miirah, Shimy et Kallindra riaient aux larmes, certaines tombant presque à genoux pendant que d'autres riaient en se tenant les côtes. Nevra se redressa, décoiffé, le drap encore emmêlé, mais un petit sourire naquit malgré tout.

Rosalya posa une main sur son épaule, amusée mais toujours bienveillante :
- Allez, relève-toi. La prochaine fois, teste ton costume avant de vouloir nous faire peur !

Les flammes des chandelles dansaient sur les murs, illuminant les éclats de rire des filles.
- Joyeux Halloween à toutes ! conclut Rosalya, les yeux pétillants. Et Nevra… tu viens de créer la légende du fantôme maladroit, félicitations !

Le vampire soupira, mais la scène était terminée. Cette soirée resterait gravée comme la plus cocasse rencontre avec Nevra, et la gardienne la plus moqueuse et amusante de tous les temps.

La malédiction du costume

Le Q.G. d’Eel vibrait d’excitation : la grande soirée d’Halloween allait commencer. Rosalya, fidèle à
elle-même, avait convaincu Nevra de porter un costume pour “se mettre dans l’ambiance”.
Sauf que…

— …Je te hais, murmura Nevra, le ton aussi bas que menaçant.
— Allons, regarde-toi ! Tu es adorable ! répondit Rosalya, les yeux pétillants.

Adorable. Le mot qui fit grincer des dents le vampire. Parce qu’en face d’elle, Nevra se tenait, vêtu d’un
costume de chauve-souris géante. Des ailes en tissu pendaient mollement de ses bras, un serre-tête à
oreilles pointues trônait sur sa tête, et un petit nœud orange complétait l’ensemble.

— Adorable… répéta Nevra entre ses dents, le regard noir. Rosalya, si quelqu’un me voit…
— Justement, c’est le but ! dit-elle en éclatant de rire.

Nevra leva les yeux au ciel, mais au fond, la voir rire ainsi suffisait à adoucir son agacement. Enfin,
presque.
Tout allait bien… jusqu’à ce qu’un sort de décoration lancé par la garde d’Absynthe tourne mal. Des
rubans enchantés, censés décorer les murs, prirent vie et commencèrent à s’accrocher aux invités.

— Euh… Rosalya ? fit Nevra en sentant quelque chose s’enrouler autour de sa jambe.
— Oh non… ne bouge pas, ça va juste...

Trop tard. Les rubans, attirés par le mouvement, enroulèrent Nevra de la tête aux pieds, ailes comprises,
le suspendant au plafond comme un gigantesque cocon violet.
Un silence stupéfait parcourut la salle. Puis, un éclat de rire général.

— Nevra… ? articula Rosalya, la main devant la bouche pour ne pas éclater de rire.
— Ne. Dis. Rien... grogna-t-il, les bras prisonniers, incapable de bouger.

La gardienne tenta de prononcer une incantation pour le libérer, mais entre deux fous rires, ses mots
s’emmêlèrent. Résultat : les rubans se mirent à briller de paillettes dorées.

— Oh non, ça empire ! s’exclama-t-elle.
— Je suis couvert de paillettes ! rugit Nevra. De. Paillettes !

La salle entière éclata de rire. Même les familiers observaient la scène, visiblement ravis. Rosalya, elle,
pleurait presque de rire en essayant de le détacher.
Quand elle parvint enfin à le libérer, Nevra descendit lourdement au sol, couvert de poussière brillante. Il
s’approcha d’elle, lentement, le regard brûlant…

— Rosa… tu réalises que tu viens d’humilier un vampire millénaire ? murmura-t-il d’une voix grave.
— Mmh… oui. Mais tu étais tellement… mignon.

Il la fixa longuement… puis un coin de ses lèvres se releva.

— Très bien. Prépare-toi à ma revanche, petite sorcière.
— Oh, j’ai hâte, répondit-elle avec un clin d’œil.

Et tandis que Nevra s’éloignait, Rosalya éclata une dernière fois de rire : car derrière lui, deux petites
oreilles de chauve-souris enchantées étaient encore perchées sur sa tête… et refusaient obstinément de
disparaître.

*****

Miirah

Je t'appartiens

Halloween. Ancienne célébration celte irlandaise appelée en ce temps Samain où les défunts passaient la nuit du 31 octobre aux côtés des vivants et annonçait le renouveau de la nouvelle année celte, le lendemain. Les citrouilles ont remplacé les navets et autres rutabagas, et un certain esprit est resté.

J’ai regardé l’aube se lever, nerveuse, l’oreiller sur lequel avait dormi Nevra, trois jours plus tôt, serré contre ma poitrine, le nez enfoui dans le tissu imprégné de son odeur. Cette journée est particulière. Certains n’y voient qu’une occasion de se faire peur et manger des sucreries à s’en rendre malade, mes origines celtes me rappellent le sens premier de cette fête. Celui de rendre hommage aux absents de la vie, communiquer avec eux et faire le point sur son existence, sur l’année qui s’achève. Elle permet aussi de dire « adieu » aux moments douloureux qui l’ont jonchée et elle donne l’occasion d’accueillir la nouvelle, le cœur serein, promesse d’un meilleur avenir en laissant le passé derrière soi.
Plus facile à dire qu’à faire.

Nevra rentre ce soir. Je ferme les yeux et imagine nos retrouvailles. Son large sourire, la lumière qui éclaire son œil gris, son intensité quand nos regards se croisent, la douceur de sa peau, la fermeté de ses muscles, la tendresse de ses bras, la chaleur de sa voix qui électrise mon corps lors de nos ébats…

Nayra, ma jeune Black Gallytrot, se redresse, jappe et se précipite vers la porte en remuant la queue. Des grattements me tirent du lit.

•    Seitan ?!

Nayra frotte son museau contre les babines de sa compagne de jeu. Elle lui répond d’un coup de tête amical. J’ai l’impression de voir une louve avec son louveteau. Seitan s’approche de ma main ouverte et y frotte sa joue.

•    Bonjour, ma belle. Tu vas bien ?

Elle me donne un coup de museau pour m’inciter à lui caresser entre les oreilles. Elle relève le cou et dévoile un parchemin cacheté suspendu à un ruban vermillon.

•    C’est Nevra ? dis-je, machinalement, en connaissant déjà la réponse.

Seitan se redresse, fière, puis penche la tête.

« De qui d’autre », me lance-t-elle par télépathie.

Je pouffe.

•    Tu as raison.

Les babines de la Black Gallytrot se découvrent en un sourire énigmatique avant de filer à toutes pattes.     

« Ne t’inquiète pas, Miirah. À ce soir… »   

J’ouvre la lettre, un anneau ciselé agrémenté de 16 pierres, en série de 4, une Obsidienne noire suivie d’une Améthyste, d’un Œil de tigre et d’une Pierre de lune, en tombe. Un anneau protecteur porte-bonheur. Intriguée, je déplie le message :

Lettre de Nevra

Je souris. Le programme semble prometteur. Le retour de Nevra me ravie, il me manque, pourtant ma poitrine se serre d’appréhension. J’inspire profondément. Allez, en piste…

Après une longue douche délassante, une heure à vider mon armoire, je jette mon dévolu sur une tenue qui me ressemble : une « guerrière des deux mondes », humaine et faelienne. J’avoue, j’adore Van Helsing et Anna Valerious…

Le ciel a revêtu ses habits nocturnes. La pleine lune baigne la Contrée d’Halloween de sa lumière cendrée.

Je tourne l’anneau offert par Nevra autour de mon doigt dans un sens, puis de l’autre. Mon pied tapote le sol depuis une demi-heure devant le Manoir des Fougères.

Il porte bien son nom. De larges lianes de lierre et de fougères multicolores aux nuances sombres s’entremêlent et habillent les murs en pierre de taille recouverts de mousse luminescente. La pénombre lui donne une allure fantasmagorique, aussi magnifique qu’intrigante.

J’ai miniaturisé mes armes à l’aide d’une potion et les ai rangées à ma ceinture. Leur poids commençait à me peser sur l’épaule.

Le temps s’égrène lentement. J’ai croisé l’ensemble du QG, mais aucun signe de Nevra.

Seitan est venue, à plusieurs reprises, m’inciter à entrer en compagnie de Nayra, impatiente. Suite à mon énième refus, d’un signe de tête entendu, les deux Black Gallytrots m’attrapent chacune par une manche et m’entraîne à l’intérieur du manoir.

•    Ok, ok, les filles, je vous suis.

Nevra me « retrouvera », à n’en pas douter.

Le porche franchi, Seitan et Nayra me libèrent et partent en trombe.

« Joyeux Halloween, Miirah », piaffe Seitan.

« À plus tard, maîtresse », renchérit mon familier.

•    Nayra, attends !

J’ai toute confiance en Seitan, cependant, la jeunesse de Nayra me fait craindre le pire. Je me lance à leur suite. Trop tard. Les deux Black Gallytrots ont filé telles des tornades, elles ont déjà disparu dans l’obscurité.

•    Chipies !!

Je reprends mon souffle et en profite pour visiter les lieux.

L’intérieur ressemble aux vieilles bâtisses du Moyen-Âge. Les murs de pierre, blanchis à la chaux, recouverts de tapisseries représentent des scènes de chasse, plus ou moins sanglantes. Les armoiries brodées sur fond bleu roi ou cramoisi s’imposent tels des trophées. Les poutres apparentes s’entrecroisent en larges voûtes sculptées et habillent le haut plafond où s’amusent les ombres fantomatiques des flammes vacillantes des nombreuses bougies dispersées dans les pièces. Les meubles en bois massif patinés par le temps sont couverts de victuailles ragoûtantes en tout genre : os de différentes tailles, membres squelettiques tranchés, plats gélatineux aux couleurs douteuses, liquides poisseux dégoulinant des marmites ou récipients divers, toiles d’araignées virevoltant au gré des courants d’air, leurs propriétaires flottant au bout de leur fil de soie.

« Dame Miirah… »

Au bout du couloir, la porte de communication est bloquée. J’insiste, mais rien n’y fait, elle ne bouge pas d’un poil. Je déteste les films d’horreur. Néanmoins, je me remémore les conseils préconisés dans Scream afin d’éviter de devenir la première victime. Pourtant, je me retrouve dans le scénario le plus cliché pour me faire trucider : descendre seule un escalier plongé dans l’obscurité, unique moyen de poursuivre ma route.

Il débouche sur un cachot morbide, humide, où les membres décharnés d’un squelette se soulèvent au rythme du balancement de la cage suspendue dans un grincement sinistre.

Je longe la cavité et tombe sur une crypte « hantée » par des amphibiens phosphorescents qui ressemblent à des salamandres.

J’essaie de me rassurer, tout n’est qu’illusion, mais ma poitrine se comprime. Mon cœur bat la chamade. Et…

« Dame Miirah ».

Cette voix, lancinante, tel un murmure lugubre venu d’outre-tombe. Elle m’appelle, répète mon prénom depuis que les deux familiers m’ont abandonnée. J’ai l’impression de me retrouver dans la tour de la Belle au bois dormant, envoûtée par une mélodie maléfique. Je frisonne. Je dois halluciner, pourtant elle semble bien réelle. Et si… Koori ! Elle serait bien capable de me jouer ce tour…

Je me ressaisis et rassemble la lumière des Aengels.

"Lumos".

J’éclate de rire et remercie J.K. Rowling d’avoir écrit les Harry Potter. J’accélère le pas et me précipite vers l’escalier en pierre au fond de la salle qui remonte en spirale.

Je pousse le battant et atterris de nouveau dans le vestibule de l’entrée. Une porte dérobée. Je souffle en tournant machinalement mon anneau.

« Dame Miirah… »

•    Bon, maintenant, ça suf…

« Dame Miirah… »

Une enveloppe blanchâtre translucide s’échappe de ma bague. Le visage d’une jeune fille blonde aux yeux clairs se matérialise. J’écarquille les yeux. Elle me gratifie d’un large sourire.

•    Bonjour, Dame Miirah. Je suis Raven, l’esprit messager, la passerelle entre les mondes, entre le visible et l’immatériel, se présente-t-elle d’une voix douce et chaleureuse, bien différente de la première.

Je reste muette, interloquée.

•    En tournant l’anneau quatre fois dans un sens, puis dans l’autre, vous m’avez invoquée, Dame Miirah, poursuit-elle. Je ne voulais pas vous effrayer, ma voix paraît lugubre quand je reste coincée entre les mondes.

•    Ce, c’est ra-té, bégaie-je.

Elle pouffe gentiment, puis sa bouche forme une moue contrite.

•    J’en suis vraiment désolée, Dame Miirah. Maître vampire Nevra ne semble pas ravi non plus.

•    Pardon ? articulé-je, surprise.

Elle se tortille les mains.

•    L’Obsidienne noire représente les natifs du mois de décembre sous le signe du sagittaire, la Pierre de lune, ceux natifs du mois de février sous le signe du poisson, l’Améthyste favorise la paix de l’âme et l’Œil de tigre garantit votre protection. Le ciselage de l’anneau crée un lien entre chaque pierre. Il assure la connexion entre Maître vampire et vous également. Votre compagnon souhaitait participer à cet échange, mais il a été retenu. Son expédition a été plus mouvementée que prévue, et…

•    Il va bien ? la coupé-je, anxieuse.

•    Oui, Maître vampire n’est pas guerrier à se laisser facilement surprendre ni battre. Il excelle dans son domaine. Rassurez-vous, Dame Miirah.

Je me détends. Malgré la situation rocambolesque, je suis soulagée.

•    Tant mieux… Raven, vous n’êtes pas obligée d’être aussi formelle. Vous pouvez m’appeler Miirah, tout simplement, et je ne pense pas que Nevra se formaliserait si vous le nommiez par son prénom…

•    Je vous prie de m’excuser, Dame Miirah, mais je dois suivre le protocole des messagers, répond-elle d’une petite voix.

J’acquiesce d’un hochement de tête.

•    Pourquoi êtes-vous ici, Raven ?

•    Maître vampire s’inquiète à votre sujet, Dame Miirah, ou plutôt à propos de votre relation récente. Il sait que ce jour est particulier, ce qu’il représente pour vous et l’importance qu’avait à vos yeux votre ancien compagnon. Il était l’un de ses meilleurs amis, son confident, et Maître vampire le considérait comme un frère. Il craint de prendre une place qui n’est pas la sienne, de ne pas vous mériter, que votre attirance envers lui ne soit l’objet d’un transfert dû à vos épreuves passées et vos sentiments à son égard ne se révèlent moins sincères que les siens…

•    Mais, enfin, Raven, comment peut-il penser une chose pareille ? Il croit que je me sers de lui comme rustine ? Mon cœur n’est pas une bouée trouée qui a besoin d’un pansement pour se sentir vivant, m’énervé-je.

Raven semble confuse. Elle reprend, hésitante.

•    Dame Miirah, je vous en prie. Je ne suis que la messagère.

J’inspire profondément et tente de retrouver mon calme.

•    Excusez-moi, Raven. Continuez.

Un large sourire illumine de nouveau le visage de l’esprit.

•    Maître vampire m’avait prévenue que Dame Miirah possédait un caractère bien affirmé, se hasarde-t-elle avant de recouvrer son sérieux.

L’anneau grésille.

•    Maître vampire paraît réticent à ce que je poursuivre sans lui. Il est en chemin et sera bientôt là, Dame Miirah. Ne préférez-vous pas l’attendre ?

•    Je suis curieuse de découvrir son « message » complet. Je me chargerai de « Maître vampire ». Poursuivez, Raven.

•    À votre guise, Dame Miirah.

La jeune fille acquiesce.

•    Vous avez plu à Maître vampire dès votre arrivée sur Eldarya, cependant, il pâtissait d’une réputation sulfureuse et se refusait à interférer dans votre relation naissante avec Maître dragon.

•    Je l’avais senti, mais il devrait savoir qu’elle m’importait peu. Je ne me fie qu’à ma propre opinion.

•    Effectivement. Vous avez toujours été proche de Maître vampire, le connaissez et le comprenez mieux que quiconque, de bien des manières, d’ailleurs. Vous aviez déjà une connexion proche de l’amour, si je puis me permettre. Vous le considériez déjà comme votre « âme sœur », votre « amour amical », mais votre cœur appartenait à un autre.

La bague vibre. L’esprit retient un rictus.

•    Maître vampire apprécie, se contente-t-elle d’énoncer.

Je me racle la gorge, gênée.

•    Si je comprends bien, les confidences iront dans les deux sens.

•    Préférez-vous suspendre cette conversation ? s’enquiert-elle.

Je ricane, amusée de la tournure de la situation.

•    Non, non. Les absents ont toujours tort.

•    Maître vampire peinait à s’attacher, il le reconnaît, mais quand il s’est rendu compte qu’il éprouvait des sentiments pour vous, il savait que sa maladresse l'handicaperait à les exprimer correctement. Je suis désolée de le dire de cette manière, mais comme les mortels le formulent : « il est nul en langage de l’amour véritable ». Vous êtes son exception, Dame Miirah. Il a besoin d’être rassuré.

Je pouffe.

•    Je le sais fort bien, Raven. Nevra a de nombreuses qualités, mais celle-ci n’en fait pas partie, soufflé-je.

•    Je suis ravie de vous voir dans de meilleures dispositions, Dame Miirah. Si vous me le permettez…

•    Espèce d’idiot ! m’emporté-je, sciemment.

•    Dame Miirah… proteste l’esprit.

J’éclate de rire et continue sur ma lancée.

•    Bougre d’âne aux oreilles pointues ! repris-je moqueuse.

Je sens l’anneau à mon majeur trembler.

•    Si je ne te connaissais pas aussi bien, je me vexerais. D’ailleurs, je commence à douter que l’inverse soit vrai.

Je lève mes doigts croisés. Raven décrit la scène à Nevra qui semble soulagé.

•    Après toutes les galères que nous avons partagées lors de nos missions ensemble, les horreurs de la guerre dont nous avons été témoins et les victimes, penses-tu sérieusement que je sois une femme vénale avec si peu de considération pour toi ? Je n’ai pas enfilé le bon costume. J’aurais dû choisir celui d’une Mord’Sith avec son Agiel …

Je m’interromps devant l’expression horrifiée de Raven.

•    Je fais référence à Cara Mason, Raven. Et ce n’est qu’une image. Rassurez-vous, je n’ai aucune intention de faire souffrir « Maître vampire ».

Je lève les yeux au ciel et retient à grand peine les soubresauts de mon anneau signe probable d’un Nevra hilare.

•    Apparemment, Maître vampire apprécie votre… humour, Dame Miirah, me confirme Raven, confuse. Mais, je doute que cette réflexion soit appropriée.

•    Vous avez raison. Trêve de plaisanterie… Nevra… Je suis désolée, j’aurais dû être plus attentive. Je connais ta volonté de garder ton indépendance et ta liberté. J’ai été négligente et ai manqué de clarté. J’ai aimé Valkyon d’une manière inconditionnelle, sans réserve, mais il n’est plus. Il aura toujours une place spéciale dans mon cœur et je garderai précieusement nos moments partagés ensemble tel un agréable souvenir d’un temps définitivement révolu. J’ai accepté son absence. Vous êtes deux personnes bien distinctes, différentes. Je ne vous ai jamais comparés l’un à l’autre, même de son vivant, encore moins maintenant, et je ne le recherche pas à travers toi. Je l’ai aimé tel qu’il était, je t’aime tel que tu es. Nevra, sache une chose. L’amour ne disparaît pas ni ne se partage. Il naît à nouveau et grandit avec le temps. Tu es…

Je m’interromps et secoue la main. L’anneau me brûle la peau. Raven recouvre de sa paume fraîche mon doigt douloureux.

•    Maître vampire, je suggère de suspendre cette discussion et de la reprendre à votre arrivée. Je doute que le majeur de Dame Miirah en supporte davantage face à la sincérité et la profondeur de vos sentiments à son égard, présente-t-elle d’un ton monocorde, légèrement contrariée.

Je pouffe. Raven possède une faculté déconcertante à s’exprimer sans fard. J’imagine le visage de Nevra rouge comme une tomate. La bague vibre légèrement avant de se figer.

•    Maître vampire m’a donné son assentiment. Il vous rejoint au plus vite, lance-t-elle dans un soupir.

Je ricane.

« Vous m’en direz tant…, pensé-je intérieurement »

•    Je vous entends, Dame Miirah.

Je soupire. Raven lève les paumes en l’air en signe d’excuses.

Totalement absorbée par nos échanges, j’en ai oublié l’endroit où je me trouvais. Des ricanements, cris et rires se mélangent et rebondissent en écho dans le vestibule. Je n’ai nulle envie de croiser quiconque.

•    Dame Miirah, veuillez me suivre, s’il vous plaît. Je vais vous faire visiter le reste du manoir et vous trouver un endroit tranquille pour patienter loin du tumulte, me suggère l’esprit.

•    Avec grand plaisir. Je vous suis…

Raven s’avère être une excellente guide. Elle me relate l’historique du manoir, de ses habitants avec éloquence, un sens aigu du détail et une prédisposition à relater des anecdotes aussi curieuses que croustillantes. Elle me dirige à travers les dédales de couloirs, de pièces dont certaines en enfilade semblent interminables.

•    Dame Miirah, tournez à droite… à gauche… Savez-vous ce qu’est arrivé à la femme de chambre de Madame Lecornu ? …

Je me laisse porter par sa voix douce et mélodieuse sans accorder la moindre attention aux décors monstrueux créés pour l’occasion, aux cris de stupeur des participants perdus dans les méandres des couloirs, aux grincements ou bruits étranges qui s’échappent des murs ou des huisseries.

•    Tournez ici, Dame Miirah, et levez le loquet caché par la tapisserie sur votre droite, s’il vous plaît.

Je m’exécute et pousse le battant. Un large corridor s’étend devant moi. Je suis émerveillée par la beauté du lieu. Il détonne avec le reste du manoir. Aucune toile d’araignée ni élément monstrueux ou ragoûtant ne gâchent la sérénité de l’endroit plongé dans une pénombre douce et chaleureuse. Des dizaines de bougies, suspendues dans des bougeoirs forgés, crépitent doucement. Leur lueur tamisée invite à la détente. Des miroirs vieillis recouvrent les murs et jouent avec la faible lumière lunaire argentée qui oscille à travers l’épaisse végétation de lierre et de fougères. Une haute cheminée sculptée éteinte habille l’une des parois. De part et d’autre, de larges banquettes tissées aux couleurs délavées par l’âge créent une ambiance cosy et avenante. Ce lieu ressemble à un refuge. Étonnant.

J’inspire profondément.

•    Je me sens bien, ici, Raven, soufflé-je.

•    Si cette pièce vous convient, j’en suis ravie, Dame Miirah. Je vous laisse à votre quiétude. À bientôt…

Raven me fait un signe de la main, sourire aux lèvres, puis disparaît.

Les ombres dansantes m’hypnotisent et je laisse mon esprit divaguer. Mes pensées se dirigent naturellement vers « Maître vampire ». Je pouffe.

Nevra. Il était sur le chemin du retour d’après Raven, où se trouve-t-il, maintenant ? Hésite-t-il à me rejoindre ? Impossible ! Je sens encore la chaleur sur ma peau de l’anneau. Quelle buse ai-je été ? Je me targue de bien le connaître et pourtant… Je m’en veux. S’il savait…

Un souffle frais remonte lentement la courbure de ma nuque. Un effluve de musc et de jasmin titille mes narines. Je tressaille.

•    C'est si facile de te faire sursauter mon Aengel, susurre, près de mon oreille, une voix que je reconnaîtrais entre mille. Pourtant, tu sais que l'ombre est mon domaine.

•    Nev'...

•    J’ai suivi les battements de ton cœur, Miirah.

Ses bras m'enlacent tendrement et me pressent contre lui. Son corps épouse le mien. Je bascule la tête en arrière, embrasse tendrement son cou et enserre ses bras.

Les yeux fermés, je savoure le moment. Blottie contre sa large épaule, j’hume son odeur si particulière et profite de la douce chaleur qui émane de son corps, bercée par le rythme régulier de son cœur.

Le silence s’installe. J’inspire profondément.

•    Nev’, je suis désolée, murmuré-je.

Il enfuit son visage dans mon cou et resserre son étreinte.

•    Moi aussi, souffle-t-il. Viens.

Il m’entraîne vers l’une des banquettes et s’assoit à califourchon. Je l’imite. Il prend ma main et me montre son anneau.

•    Je voulais partager cette expérience à tes côtés, malheureusement, tout ne s’est pas exactement passé comme je l’avais prévu. Raven est une excellente guide messagère, mais un peu trop bavarde à mon goût, me lance-t-il avec un sourire en coin.

•    Nos échanges par intermédiaire interposée étaient, néanmoins, très instructifs, le taquiné-je.

Nevra caresse ma joue.

•    J’en conviens, mais j’aurais vraiment préféré être présent. Raven rejoindra l’entre-deux-mondes dans 1h. Je pense qu’il est temps de conclure cette conversation, qu’en penses-tu ?

J’acquiesce. Nous tournons simultanément nos bagues quatre fois dans un sens, puis dans l’autre.

L’esprit messager réapparaît.

•    Re bonjour, Dame Miirah. Bienvenue, Maître vampire. Comme convenu, j’ai ramené une âme qui vous est chère.

Une enveloppe blanchâtre translucide se matérialise aux côtés de Raven.

Valkyon.

•    Bonsoir, ma belle Aengel.

Ses doigts frôlent ma joue. Leur fraîcheur me fait frissonner.

•    Bonsoir, mon dragon.

Il se retourne vers Nevra et lui tapote les épaules.

•    Bonsoir, Nev’.

•    Bonsoir, Valk’.

Le regard du dragon passe de l’un à l’autre, nous scrute.

•    Miirah, tu es restée telle que dans mes souvenirs. Tu es magnifique.

Je lui réponds d’un sourire. Il est resté comme dans mes souvenirs lui aussi.

•    Nev’, mon ami, tu as changé. Physiquement. En mieux, je dirais. Tu t’es étoffé. Tu avais déjà du succès, toutes les femmes doivent te tomber dans les bras maintenant.

Le vampire acquiesce, l’air gêné.

•    Je ne t’ai jamais jugé, poursuit le dragon. Quand tu trouveras celle qui te convient, tu te poseras. Comme moi.

Nevra tressaille.

•    À ce propos, …

•    Je sais, l’interrompt Valkyon. La Pierre de lune me représente aussi. Je n’ai qu’un jour d’écart avec Miirah, l’as-tu oublié ?

Un voile passe dans l’iris grise du vampire.

•    Je ne voulais pas te trahir, Valk’.

Le dragon surplombe le vampire de toute sa hauteur, son regard ancré dans le sien. Nevra attend sa réaction, rigide comme une statue. Après plusieurs minutes, Valkyon rompt le silence.

•    Miirah m’en a beaucoup voulu de lui avoir caché mes intentions pour stopper mon frère. J’avais compris depuis un moment le sens caché de la prophétie de Fafnir, mais j’ai choisi de ne rien lui révéler. Je voulais la protéger et l’empêcher d’intervenir. Je savais qu’elle tenterait tout pour me sauver, au péril de sa vie s’il l’avait fallu. J’ai agi comme je le devais pour sortir Lance de sa folie meurtrière. Je ne le regrette pas, cependant, si mon action me paraissait juste, j’ai blessé Miirah. Elle était ma lumière, mon soutien, ma compagne. Elle m’a ouvert son cœur et j’ai découvert le monde sous un nouveau jour. Elle m’a aidé à assumer ma différence et à accepter celui que je suis. Je lui avais promis d’être toujours là pour la protéger, pourtant, j’ai dû la laisser derrière moi et partir sans elle.

Il se tourne vers moi.

•    Nous avons déjà eu cette conversation, mon ange, juste avant mon départ pour Mémoria. Tu as dépassé mes espérances. Même si tu as essayé de venger ma mort et tenté de poignarder Lance, tu as accepté de lui laisser une chance. Ton ouverture d’esprit, ta compassion et ton soutien l’ont beaucoup aidé à trouver enfin sa place. Toi seule pouvait y arriver. Tu as fait la même chose avec Leiftan. Grâce à toi, il est redevenu un Aengel. Tu as été la meilleure compagne que je pouvais espérer et je suis si fier de la personne que tu es devenue. Belle, toujours, forte, volontaire et battante. Une vraie gardienne de l’Obsidienne. Je t’ai déjà libérée de ton engagement, je garde juste notre amour précieusement. Tu mérites de trouver le bonheur et de vivre avec celui qui te rendra heureuse.

Valkyon enserre mon visage entre ses mains, leur fraîcheur me fait frissonner, puis il pose son front contre le mien.

•    Je t’aime Miirah.

•    Moi aussi, mon dragon.

Il me libère et se plante devant Nevra, les sourcils froncés.

•    Pourquoi elle ?

•    Eh bien, je…

Valkyon pouffe.

•    Je t’ai connu plus éloquent, Nev’. Tu me targuais même de « papi ».

Le vampire se détend enfin et rejoint le dragon dans un fou rire communicatif.

•    Alors ? renchérit Valkyon.

Nevra se redresse et recouvre son sérieux.

•    Je suis plus vieux que toi, maintenant, Valk’, je refuse que tu m’affubles de ce sobriquet, rétorque-t-il, une lueur de défi dans son iris grise.

•    J’essaierai, réplique simplement le dragon.

Le silence s’installe. Valkyon patiente, les bras croisés. Nevra se racle la gorge.

•    J’apprécie Miirah depuis longtemps, Valk’, mais ses yeux ne voyaient que toi et son cœur t’appartenait. J’ai préféré enfouir mes sentiments et privilégier notre amitié. Partir en mission avec elle, avoir sa confiance tout en respectant la tienne me suffisait.

•    Je le sais déjà, Nev’. Miirah était la seule femme du QG avec qui tu te comportais normalement malgré tes maladresses de style. Tu te rendais disponible pour l’aider, lui offrir une oreille attentive, une protection en cas de besoin et l’Oracle sait combien, elle en avait besoin, souffle-t-il, un regard un coin.

•    Valk’ !

Les deux amis pouffent à l’unisson. Leur complicité me ravie, mais à mes dépens beaucoup moins. Le dragon se reconcentre sur le vampire et reprend.

•    Elle pouvait toujours compter sur toi et moi aussi. Tu nous as soutenu sans faille lors des moments difficiles. J’ai une confiance aveugle en toi, et tu ne m’as jamais trahi. Je te considère plus qu’un frère-d ’armes, tu es un ami sincère et loyal. Même si l’envie de te donner une bonne rouste, là, tout de suite, me démangeait, je ne le pourrais pas. Maintenant, je veux te l’entendre dire, le réprimande-t-il.

•    Miirah est belle, douce, attentionnée, compatissante, volontaire, battante et drôle. Sa sensibilité cache une résilience qui me déstabilise, sa détermination m’encourage à me surpasser et son sens de l’écoute sans jugement me réconforte. Sa franchise me bouscule, parfois, mais elle m’aide à dépasser mes appréhensions. Sans elle, je me sens vide et perdu. Elle est le soleil qui illumine mes jours, l’étoile qui éclaire mes nuits quand je ne peux la voir. Elle me connaît mieux que personne, lit en moi comme dans un livre ouvert. Je l’aime, c’est tout.

Nevra termine son élocution le souffle court. Son regard alterne entre Valkyon et moi. Un large sourire fend son visage, amusé devant nos expressions interdites. Le dragon reprend la parole.

•    C’est parfait. Merci, Nev’. Je suis rassuré de savoir Miirah en si bonne main. Je…

•    Maître dragon, je suis désolée de vous interrompre, cependant, le temps imparti est presque arrivé à son terme, intervient Raven d’une voix douce.

•    Effectivement. Il se fait tard.

Valkyon pose une de ses paumes sur le bras de son ami, l’autre sur ma joue.

•    J’ai été ravi de te revoir, « papi » et, toi, mon ange. Nev’, je te confie Miirah. Je ne pouvais rêver mieux pour elle. Plus qu’un ami, je te considère comme un membre de ma famille. Je dois maintenant retourner à Mémoria. Miirah, je te laisse répondre à sa déclaration, je connais déjà ton cœur, mais il a besoin de l’entendre. Je vous souhaite une longue et merveilleuse vie ensemble remplie de bonheur. Adieu, mon frère. Adieu, mon ange.

Le spectre du dragon s’évapore, un sourire radieux sur les lèvres.

•    Mon heure est venue également, intervient Raven. Maître vampire, Dame Miirah, je vous souhaite tout le bonheur du monde.

Elle agite la main, puis disparaît.

La pénombre nous entoure de nouveau. Les ombres dansent lentement sur les murs et jouent avec la lumière cendrée de la lune. Les flammes des bougies dispersées autour de la pièce grésillent doucement. Le silence, loin d’être gênant, est apaisant.

Je relève la tête vers Nevra. Nos regards s’ancrent l’un à l’autre. Son œil gris humide s’attarde sur la larme qui roule sur ma joue. Il l’essuie tendrement de son pouce. J’esquisse un sourire, ferme les yeux, tout en retenant sa main dans la mienne.

•    Merci, Nev’, je crois que nous en avions besoin tous les deux.

Les yeux clos, je poursuis :

•    Je voudrais que tu m’écoutes sans m’interrompre.

Il acquiesce.

•    Mes sept années dans le cristal sont passées tel un claquement de doigts. L’instant s’est figé pour moi, mais pas pour toi. J’ai toujours 23 ans, tu en as 30. Je l’oublie parfois, je m’en excuse, sincèrement, Nev’. Je voulais te laisser l’initiative de venir vers moi, sans te brusquer, comme avant, mais cet « avant » n’existe plus. Je suis désolée de t’avoir quitté de cette façon. Tout s’est enchaîné. Trop vite. Tu as tellement perdu, Nev’…

•    Toi aussi, Miirah, murmure-t-il.

Je caresse sa joue.

•    Chut, « Maître vampire », je ne vais pas y arriver sinon.

Il acquiesce, frôle ma main, puis croise ses doigts avec les miens. Je reprends.

•    Lors du banquet organisé le soir de mon retour, tu m’as dit « avoir perdu beaucoup d’amis et porté le deuil longtemps avant de reprendre le cours de ta vie ». Je me trompe peut-être, mais si tu l’as porté longtemps, je doute que tu aies pu verbaliser ta peine et trouver une épaule bienveillante sur laquelle te reposer pour te soutenir. Chacun a géré à sa manière, je le comprends très bien. Te revoir m’a chamboulée aussi. Tous mes souvenirs sont remontés en vagues et des sentiments contradictoires m’ont submergée tel un tsunami. Ma joie de te retrouver, ma peine face à la perte de Valkyon, ma colère envers Lance, toutes ces émotions bouillonnaient, s’entrechoquaient. J’ai cru que mon cœur allait exploser. Je n’ose imaginer les tiennes après toutes ces années. J’aurais dû être là, mais je ne l’étais pas. Ta retenue m’a blessée, je l’avoue, mais je l’ai comprise. Je ne vais pas reprendre tout ce que Raven a dit, mais…

Je pousse une mèche de ses cheveux qui lui barrait le front et plonge mon regard dans le sien.

•    Je reconnais cette lueur qui brille dans ton iris grise, la même que ce jour-là. Tu as érigé une carapace pour te protéger, continuer à vivre. Tu as évolué, mûri. Tu es devenu un bras droit solide, pragmatique, un guerrier sans faille. Ta froideur, ton sarcasme et tes accès de colère notamment envers Leiftan et Chrome me l’ont confirmé : tu as gardé cette sensibilité qui te caractérise et cette bienveillance envers ceux qui t’accompagnent. Je te considérais, à l’époque, comme mon « âme sœur », c’est d’autant plus vrai aujourd’hui. Si j’y réfléchis bien, mes sentiments existaient déjà. Depuis mon retour, ils se sont juste renforcés et approfondis avec le temps. Je dois aussi le reconnaître : tu portes magnifiquement tes 30 ans. Pas étonnant que les autres femmes se laissent si facilement séduire.

Je ricane. Nevra grogne.

•    Tu as retrouvé ton surnom de « coureur de jupons, bourreau des cœurs » …

•    Miirah…, gémit-il en détournant la tête.

Les yeux clos, il semble mal à l’aise. J’éclate de rire.

•    Nev’…

Je ramène son visage vers moi, embrasse les cicatrices qui barrent sur œil gauche et approche son front du mien. Son odeur florale et musquée me rassure.

•    Je ne t’en veux pas. Je ne te juge pas non plus. Tu avais certainement besoin d’une échappatoire pour t’évader de la pression de ta fonction et supporter le poids de tout le reste. Chacun réagit différemment et tente de survivre comme il le peut. J’ai voulu tuer Lance. Ta méthode est plus agréable, à n’en pas douter.

Je ricane. Nevra m’enlace et laisse choir sa tête contre mon épaule.

•    Mais, elles n’étaient pas toi, souffle-t-il d’une voix lasse.

•    Je suis irremplaçable, je le sais, le nargué-je en l’éteignant à mon tour. Mais, j’admets qu’être avec un homme d’expérience ne me dérange pas le moindre du monde, bien au contraire.

Il pouffe tout en mordillant ma nuque. Je tressaille.

•    Je ne suis qu’un « bougre de vampire aux dents pointues ».

J’éclate de rire.

•    C’est vrai, je ne peux le nier.

Mes doigts remontent dans ses cheveux et jouent avec ses longues mèches.

•    Je pourrais faire ça pendant des heures. Ils sont si doux et soyeux. Je ne m’en lasserai jamais.

Il se redresse, je le retiens.

•    Laisse-moi encore en profiter, ils sentent si bon le jasmin. Avec une pointe de musc, je dirais.

Nevra secoue la tête.

•    Tu t’amuses bien ?

•    Énormément, vu que « Maître vampire » est incapable de rester tranquille et tenir sa langue.

•    Pfff

•    Plus sérieusement, Nev’, quand tu me regardes, j’ai l’impression d’être la plus belle femme au monde, quand je suis dans tes bras, je ne voudrais être nulle part ailleurs. Je me sens à ma place, protégée, aimée. Je vais le répéter pour que tu l’entendes de vive voix, cette fois. Même si je suis un peu morose aujourd’hui, mon ancienne relation est RÉ-VO-LUE et je l’ai acceptée. J’en garderai un agréable souvenir tel un beau roman dont j’ai fermé la dernière page sans regret. L’amour ne disparaît pas, ne se partage pas, ne se compare pas. Il naît à nouveau et grandit avec le temps. Je suis l’inclinaison de mon cœur sans doute ni réserve et il t’appartient tout entier.

Je croise mes doigts derrière sa nuque, caresse sa peau.

•    Si tu avais des craintes sur mes sentiments, je ne me retiendrais plus.

Je passe mes jambes par-dessus les siennes. Il m’attrape par la taille, m’assoit sur ses cuisses et me presse contre son torse.

•    Tu disais ? murmure-t-il près de mes lèvres.

Ses mains jouent avec les lanières en cuir qui retiennent mon corset. Je le surplombe, frotte mon nez contre le sien.

•    Je t’aime, Nev’.

Il m’attire vers ses lèvres. Son baiser est doux, tendre et salé. Nevra pleure. Son corps tremble. Son émotion me trouble et décuple la mienne. Je l’enlace plus étroitement, entoure sa taille de mes jambes. Mes doigts suivent le mouvement de ses muscles sous le tissu qui moule son corps. Une douce chaleur émane de lui et se diffuse dans ma poitrine. Les battements de mon cœur résonnent à l’unisson du sien. Sa respiration s’accélère. Il resserre son étreinte, plonge dans mon cou et murmure contre ma peau :

•    Je t’appartiens, Miirah, pour l'éternité.

FIN

Le Rituel de « Serch Bythol », Amour Éternel (en celte)

Précédemment :

Je passe mes jambes par-dessus les siennes. Il m’attrape par la taille, m’assoit sur ses cuisses et me presse contre son torse.

•    Tu disais ? murmure-t-il près de mes lèvres.

Ses mains jouent avec les lanières en cuir qui retiennent mon corset. Je le surplombe, frotte mon nez contre le sien.

•    Je t’aime, Nev’.

Il m’attire vers ses lèvres. Son baiser est doux, tendre et salé. Nevra pleure. Son corps tremble. Son émotion me trouble et décuple la mienne. Je l’enlace plus étroitement, entoure sa taille de mes jambes. Mes doigts suivent le mouvement de ses muscles sous le tissu qui moule son corps. Une douce chaleur émane de lui et se diffuse dans ma poitrine. Les battements de mon cœur résonnent à l’unisson du sien. Sa respiration s’accélère. Il resserre son étreinte et plonge dans mon cou.

•    Je t’appartiens, Miirah, chuchote mon vampire.

**

•    Moi aussi, je t’appart…

Je m’interromps. Touchée par la sensibilité de Nevra, je voudrais le réconforter. Et… pourquoi pas ?

•    Attends une seconde. « Tu m’appartiens… » Tu m’appartiens ? « Maître vampire » appartient à « Dame Miirah » ? Je suis ta maîtresse dans ce cas…, le taquiné-je.

Je me redresse et le surplombe avec fierté. Le sourire de Nevra s’élargit et son iris grise s’illumine, non dupe de ma manigance. J’ancre mon regard dans le sien.

•    Tu devrais m’appeler maîtresse, mon beau vampire.

Il éclate de rire.

•    Crois-tu qu’une Aengel, aussi belle soit-elle, puisse me donner des ordres et me plier à sa volonté ?

Pour faciliter mes mouvements, je retire ma sur veste, ma ceinture de combat et délace mon corset qui va rejoindre le reste jeté au sol sous le regard ébahi de Nevra.

•    Penses-tu pouvoir réellement me résister ?

Je plonge sur ses lèvres, maintiens sa nuque dans le creux mon bras, mes doigts enfuis dans sa chevelure d’ébène. Mon autre main se faufile sous sa tunique, caresse ses abdominaux, puis remonte vers son torse. D’abord interdit de ma soudaine hardiesse, sa vitesse de réaction me déstabilise. Vif comme l’éclair, il se dégage de mon étreinte, m’enserre la taille d’une prise ferme, me bascule sur la banquette et bloque mon poignet au-dessus de la tête. Son corps presse le mien, son souffle chatouille ma joue. Une lueur de défi brille dans son iris grise.

•    Tu ne te « retiendrais plus », hein ? me provoque-t-il.

Mes yeux oscillent entre son regard et sa bouche. Ma respiration s’accélère et mon cœur me trahit.

•    Je l’entends, tu sais, lance-t-il avec arrogance. Il ne peut mentir et j’adore l’écouter s’emballer pour moi, ma Douce.

Je tente de me dégager, en vain. Une lueur bleue recouvre mes doigts. Il se redresse et m’entraîne avec lui.

•    Tu n’oserais pas ?! demande-t-il mi-figue mi-raisin tout en me maintenant par les hanches.

Je refoule la lumière des aengels et ancre mon regard dans le sien.

•    Je ne sais pas encore, le nargué-je.

Il rigole, resserre son étreinte et pose son front sur le mien.

•    Merci, « Dame Miirah ».

•    De rien, « Maître vampire ». J’adore t’entendre rire.

Nevra caresse ma joue, dépose un léger baiser sur mes lèvres et se lève.

•    Je suis plus que tenté, mais j’aimerais te proposer une activité un peu spéciale avant de conclure cette soirée.

Il se dirige vers la cheminée et revient avec une besace dont le tintement de son contenu m’intrigue. Il s’installe devant l’âtre en tailleur et m’invite à le rejoindre.

•    Avant tout, tu dois savoir que tu ne risques rien, mais je ne t’obligerai pas. Tu peux refuser. Je me plierai à ta décision, à défaut de devenir ton asservi, ricane-t-il avant de recouvrer son sérieux. Miirah…

Il étale une étole noire surpiquée d’un pentacle.

- De la magie ? Tu me proposes de faire un rituel ?

•    Pas n’importe lequel. Un rituel de « Serch Bythol », un engagement d’amour éternel.

Devant mon mutisme, il poursuit.

•    Depuis ton arrivée sur Eldarya, mes sentiments pour toi n’ont cessé de grandir. Je peux l’avouer maintenant. Je t’ai toujours aimée, Miirah, malgré toutes les épreuves, tout ce qui nous séparait. Quand tu es entrée dans le cristal avec Leiftan, je l’ai compris. Trop tard. Ton retour m’a déstabilisé aussi, mais j’étais tellement heureux. La vie m’offrait une nouvelle chance et je me suis promis de ne pas refaire la même erreur, même si je ne suis pas doué avec l’Amour. Tu l’as constaté toi-même.

Je ricane.

•    C’est vrai…

•    Mais, tu es mon « âme sœur » aussi, Miirah. J’ai l’impression de t’avoir perdue pour mieux te retrouver. J’aime mon indépendance et ma liberté, certes, cependant, tu es devenue mon oxygène. Je ne peux plus vivre sans toi.

Je caresse sa joue. Il entrecroise ses doigts avec les miens.

•    Si tes sentiments envers moi sont réciproques et ton amour sincère, accepterais-tu te t’engager officiellement avec moi ?

J’acquiesce. Il me gratifie d’un large sourire, rassuré.

•    Ce rituel est issu de la Magie Pourpre, il faut que tu le saches. Un mélange entre trois magies : la Magie Rouge qui représente l’amour, la passion, la force et le courage, un brin de Magie Noire pour amplifier sa puissance…

Devant mon expression interloquée, il s’empresse d’ajouter :

•    N’aies pas peur, Miirah. Je viens de la Garde de l’Ombre. L’Obscurité inquiète car elle est méconnue et parfois utilisée à des fins peu avouables, mais si elle est utilisée correctement, en la respectant, avec de bonnes intentions, elle s’avère être une alliée fidèle. Si elle peut influencer l’avenir, elle permet surtout de renforcer ce qui existe déjà.

Il me scrute, interrogateur.

•    Je te crois, Nev’, le rassuré-je. Ne t’inquiète pas. La méconnaissance induit souvent des comportements irrationnels face à l’inconnu. L’Ombre ne me fait pas peur en elle-même, je suis juste surprise. Et… d’autant plus car j’ai l’impression que tu avais tout prévu…

Son sourire contenu confirme mes soupçons.

•    Je suis prévoyant et organisé. Envisager toutes les options et parer à toute éventualité est certainement une déformation professionnelle, je l’admets, mais je l’espérais, je l’avoue.

•    C’est l’une de tes qualités, non des moindres, et j’en suis ravie.

Je presse ses doigts.

•    Continue, s’il te plaît. Et la troisième ?

•    La Magie Blanche de protection. Elle temporise les deux premières et harmonise l’ensemble. Si le rituel fonctionne, tu le ressentiras très intensément, je préfère te prévenir. Tu sais tout. La nuit d’Halloween est propice pour ce genre de magie, mais si…

Je l’interromps d’un baiser.

•    J’accepte.

Rasséréné, il dépose l’ensemble des ingrédients et les ustensiles sur l’étole.

•    Bien, alors commençons.

Nevra déroule le parchemin et commence à lire.

Rituel de Serch Bythol

•    Maintenant, il faut attendre que les bougies s’éteignent d’elles-mêmes.

Son regard s’ancre au mien. Son intensité me désarçonne. Une auréole pourpre entoure son iris grise, puis se diffuse jusqu’à sa pupille où virevolte une flamme torsadée rouge et blanche entrelacée d’un liseret noir.

•    Nev’ ?

•    Je sais, les tiennent ont les mêmes.

Des fourmillements me chatouillent les orteils succédés par une vague de chaleur. Elle remonte en spirale le long de mes jambes, s’amplifie, puis déferle tel un tsunami sur ma peau. Elle s’enflamme sur son passage. Mon sang bouillonne, ma respiration s’accélère et mon cœur s’emballe. Des picotements engourdissent mes doigts. Devant le regard émerveillé du vampire, un halo de lumière m’enveloppe et tente de réfréner l’ardeur qui se déchaîne dans mon corps.

•    Je ne m’attendais pas à une telle réaction, mais tu es magnifique !

•    Ravie que la vue te plaise, grommelé-je, le souffle court.

Nevra retire sa tunique, la passe au-dessus de ma tête et l’étend sur le sol. Ma chemise l’y rejoint. Ses lèvres frôlent les miennes, flirtent avec elles. Il se redresse, enlace fermement ma taille et m’attire contre son torse recouvert de volutes écarlates qui s’entremêlent avec mon aura. Sa peau brûlante attise mon désir. Ses mains enflamment mes sens.

•    Ma Douce, rassure-toi, tout se passera bien, susurre-t-il à mon oreille.

Ses doigts retracent lentement la ligne de mes courbes.

•    Nev’ ? articulé-je, essoufflée.

•    Mmmm…

•    Tu n’oublierais pas où nous sommes à tout hasard ?

•    Pas du tout, bien au contraire. J’ai juste pris mes précautions pour de pas être dérangé. Nous serons tranquilles jusqu’à l’aube.

•    Tu as vraiment tout prévu…

Il pouffe.

•    Mmmm. La nuit est à nous, ma Douce. Voyons voir si « Dame Miirah » maîtrisera « Maître vampire ».

Les yeux plissés, je le défie du regard et emprisonne ses lèvres. Il approfondit notre baiser, puis me bascule en arrière. Il s’écarte légèrement. Son iris pourpre flamboie.

•    Je te préviens, Miirah, je ne me retiendrai pas ce soir.

Son visage disparaît dans mon cou. Ses canines se plantent dans ma peau. Je frémis sous l’assaut, agrippe ses épaules. La douleur s’estompe, emportée par le tourbillon du désir ardent qui bouillonne dans mes veines. Il me submerge. Haletante, je lâche prise et me laisse envahir par le plaisir.

•    Je t’appartiens, Nevra. Pour toujours…

FIN